À la barre :
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Titre : L’érable
Poète : Nérée Beauchemin (1850-1931)
Recueil : Patrie intime (1928).
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L’érable au torse dur et fort,
Ébrèche le fer qui l’assaille,
Et, malgré mainte et mainte entaille,
Résiste aux plus grands coups du Nord.
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L’hiver, dont le cours s’éternise,
De givre et de neige a tissé
Le linceul de l’arbre glacé.
L’érable est mort ! hurle la bise.
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L’érable est mort ! clame au soleil
Le chêne orgueilleux qui s’élance.
L’érable prépare en silence
Le triomphe de son réveil.
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Sous le velours âpre des mousses
La blessure ancienne a guéri,
Et la sève d’un tronc meurtri
Éclate en glorieuses pousses.
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Des profondeurs d’un riche fond,
L’arbre pousse ; il semble qu’il veuille
Magnifier, de feuille en feuille,
Le miracle d’un coeur fécond.
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Il n’a fallu qu’une heure chaude
Pour que soudain, l’on vît fleurir,
Sur les bourgeons, lents à s’ouvrir,
La pourpre, l’or et l’émeraude.
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L’érable vit ! chante en son vol
Tout le choeur des forêts en fête :
L’érable, de la souche au faîte
Frémit au chant du rossignol.
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Contre la bise et l’avalanche,
Le roi majestueux des bois
A pris, et reprendra cent fois,
Sa victorieuse revanche.
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L’érable symbolise bien
La surnaturelle endurance
De cette âpre race de France
Qui pousse en plein sol canadien :
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